vendredi 26 juillet 2013

Le nez en l’air–I

Tout le monde sait qu’une ville se visite aussi le nez en l’air. 
On peut remarquer ainsi ces sculptures qui décorent les monuments et qui, à Sarlat, sont souvent d’origine inconnue.
Les plus vieilles sculptures qui existent encore ici remontent au XIIe siècle, ce qui semble naturelle puisque c’est le temps où le monastère prend toute son ampleur et où l’on commence à parler de Sarlat comme d’une ville.  

Ces sculptures du XIIe siècle vous les trouverez, logiquement, sur la façade de la cathédrale, ancienne abbaye. Mais ce n’est pas leur place d’origine, qu’on ignore aujourd’hui. Comme on ignore qui elles représentent. Et quand on ignore quelque chose, la place à l’imagination est là, grande ouverte et attirante où s’engouffre les érudits qui n’en manquent pas – d’imagination.  Parmi les identifications proposées, jugez-plutôt :























Tout à droite en regardant le portail de la cathédrale, je vous présente Atlas, le géant qui porte le monde sur ses épaules, encouragé dans son effort par Mercure, le dieu des voleurs. À gauche on rencontre des pélerins (?), un mendiant et un noble charitaable (?) ou… ?  Enfin, le meilleur pour la fin, cette statue, toute seule là-bas dans sa niche serait… Berthe-au-grand-pied, la mère de Charlemagne ! 
On peut se demander ce que ferait dans un monastère chrétien des statues de dieux païens ; la mère de Charlemagne serait plus facile à comprendre puisque les moines, qui cherchaient toujours à vieillir et à anoblir la fondation de leur monastère, affirmaient que Charlemagne en personne l’avait fondée…
Pourtant, l’identification est plus que douteuse. Charlemagne n’a rien à voir avec la création de l’abbaye et, si on a reconnu Berthe c’est parce que la statue a un pied plus grand que l’autre… alors que Berthe avait un pied plus petit, un pied-bot.  Quant au costume, c’est typiquement celui d’un homme de cette époque-là.



Comme il tient ce qui ressemble à un poisson, on pourrait dire qu’i s’agit de saint Pierre, pourquoi pas ? Mais, franchement, on n’en sait rien.
La facture en est très rustique et malgré quelques signes typiques de la sculpture romane (plis collés au corps notamment), elles pourraient même être plus anciennes. Là encore, il y a des recherches à effectuer.
À propos de sculpture romane, ne manquez pas d’aller admirer, dans l’église de Souillac, à gauche en entrant dans la nef, le prophète Ésaïe dansant pour la gloire de Dieu. Un chef-d’œuvre.